Communication vs. Relation : La Grande Confusion

Les technologies de l’information et de la communication sont des outils qui permettent donc d’échanger des informations, de diffuser un message, que ce soit du texte, de l’image, ou de l’audio.
Mais ces outils de « l’open space » favorisent la confusion entre les notions de communication et de relation. La communication permet d’échanger des informations d’un « point A » (l’émetteur) à un « point B » (le récepteur), et inversement. La relation quant à elle implique non seulement la communication mais aussi la présence de l’autre. Pour être en relation avec une personne, cela implique d’être mis en présence de celle-ci.
Or, dans la plupart des cas, les personnes sont en communication sans forcément être en relation.
Pour exemple, Facebook, le fameux réseau social en ligne utilisé par plus de deux milliards de personnes, a lancé le concept de l’amitié en ligne. Bien que cet outil permette de publier et d’échanger des informations diverses avec un nombre illimité de personnes, il s’agit avant tout d’un moyen de communication permettant aussi d’utiliser toute une série d’autres applications (programmes informatiques), ce qui vient renforcer la confusion. Or, la relation quant à elle, implique inévitablement qu’il y ait une rencontre et un ensemble de rapport et de liens directs entre les individus. Si « l’open space » peut contribuer à cela, et être inclus dans la relation, le danger consiste à vivre les choses de telle manière que l’on arrive à confondre le moyen de communication, l’outil en lui-même, et la relation en elle-même.


Par ailleurs, la communication virtuelle est totalement dépourvue de la dimension non verbale. Ou du moins, elle en est fortement appauvrie. Car si les émoticônes (contraction entre les mots « émotion » et « icône ») permettent d’apporter une forme de communication non verbale, cela reste malgré tout très pauvre par rapport à tout ce qui peut se transmettre dans la communication non verbale en présence de l’autre, tel que le regard, la posture, le teint de peau, le timbre de voix,…
Sans compter que ces fameux « émoticônes » uniformisent et, par conséquent, lissent et aplatissent la véritable palette de la vie émotionnelle. Cela peut donc devenir un réel problème par rapport à notre besoin de relation sociale lorsqu’on en vient à confondre l’outil de communication avec de véritables relations d’amitiés, de familles ou amoureuses. Ce phénomène de confusion est particulièrement observable auprès des adolescents en pleine construction identitaire. Par ailleurs, cette immédiateté de partage d’information amène également à des dérives telles que l’intolérance à la frustration, la dépersonnalisation, l’addiction.
La dépersonnalisation
Le principe de « l’open space » se caractérise également par « l’immédiateté ». Le moindre vécu doit se transmettre instantanément. La célèbre application Snapchat va jusqu’à prôner que « la vie est plus fun lorsque l’on vit pleinement l’instant », et incite à partager, dans la minute, ce que l’on est en train de faire. Mais que signifie « vivre pleinement l’instant » ? À en croire cette application, il s’agit de relayer immédiatement, dans la minute, sur la toile, un évènement, avant même de l’avoir pleinement vécu et intégré soi-même en compagnie des autres. L’outil de communication doit donc passer avant la relation. Et si cette procédure n’est pas respectée, une sanction sociale apparait en termes de perte de popularité au sein de cette même application…. De nombreux adolescents en arrivent carrément à se définir en tant que personne, non plus en se construisant dans le regard de personnes bienveillantes, ni dans la créativité de leur esprit qui vagabonde pour reconstruire le monde, mais en fonction d’un score obtenu au travers d’un logiciel informatique et d’un petit fantôme qui les vampirisent…
La dépersonnalisation est un vécu intense de « perte du sens de soi-même ». On peut en arriver à ne plus savoir exactement qui on est en vrai. Donc, qui on est dans la vraie vie, et non dans la virtualité.


Ce phénomène est d’autant plus fréquent chez les jeunes de plus en plus accros à ces applications. Car ce n’est plus le jeune qui se définit lui-même grâce à l’appui de son environnement familial et social, mais ce sont les applications qui en viennent à décider de ce qu’elles font de ces jeunes ! D’une certaine façon, ces jeunes deviennent les « jouets » des applications informatiques. Et ce, dans la caricature, dans la soi-disant popularité, ou le rejet voire le harcèlement. Le jeune devient ainsi « une sorte d’objet », ce qui favorise ce phénomène de dépersonnalisation et peut engendrer un réel trouble de la personnalité nécessitant l’intervention de professionnels de la santé mentale.
Pour éviter de telles dérives, il est donc essentiel que l’utilisation de ces applications relèvent du ludique et non qu’elles viennent « orchestrer » la vie des adolescents.
Un smartphone est un cordon ombilical psychosocial, une e-xtension du i-Soi.
C’est aussi un e-doudou à composante tactile. Il a une fonction anxiolytique, hypnotique et est une véritable interface relatio-générationnelle ! Il ne sert pas que de matrice mobile à un téléphone. C’est aussi, et nous le savons bien, un appareil photo, une usine à selfie, à porn food, à tout et n’importe quoi, une caméra video, un support pour des jeux vidéos en ligne ou non (Candy Crush, Criminal Case, Boom Beach, Minecraft…), un support pour des milliers d’applications connectées à Internet, un support pour les réseaux sociaux…
Il permet une communication en temps réel, de se rassurer et de tout vérifier à la seconde ! Il facilite le maintien d’une proximité symbolique en réponse immédiate à toute sollicitation. Qui n’aime pas ça?
Il existe un over-usage du smartphone devenu un outil plus que populaire de 7 à 77 ans. On le sort dans la queue du supermarché, en réunion quand on s’ennuie, pendant un cours, au feu rouge en voiture (même si c’est interdit maintenant!), en regardant la TV, en parlant avec d’autres. On s’endort avec, on se réveille avec. Il accompagne les insomnies.


L’intolérance à la frustration :
La frustration, est une émotion négative normale, ressentie lorsqu’on ne peut pas combler un besoin ou un désir. Bien que difficile à vivre, elle est cependant nécessaire car structurante pour le psychisme, notamment celui de l’enfant et de l’adolescent. La frustration permet ainsi de préparer le jeune en croissance à gérer plus tard les difficultés de la vie, à se dépasser dans des moments compliqués, à maintenir une motivation en vue d’atteindre ses objectifs. Sur le plan psychologique, il est donc essentiel de pouvoir postposer une idée, une envie, un désir car ce laps de temps que l’on impose à son esprit permet de favoriser le développement de l’imaginaire et la capacité à « réfléchir à », autrement dit à mentaliser.
Faute de pouvoir postposer, on développera au final une intolérance à toute situation normale de la vie où il est nécessaire d’attendre. La conséquence de cela amène à « l’intolérance à la frustration » qui engendre une incapacité à gérer des émotions négatives comme la colère, l’agressivité, la tristesse. Au moins notre psychisme est amener à travailler des émotions, au moins il est capable de les gérer adéquatement
et de les canaliser.
Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il est question des individus en pleine croissance. Au cours du développement, les premières frustrations sont toujours vécues dans l’intolérance. Du stade bébé à environ 3 ans, la frustration est synonyme de souffrance majeure. C’est avec l’accompagnement des parents, de l’entourage familial, que l’enfant apprendra à s’approprier cette émotion et à la gérer. L’intolérance à la frustration correspond à un ressenti d’anxiété majeur, généralement accompagné de colère difficilement canalisable. Cliniquement parlant, on considère que l’intolérance à la frustration est normale entre 3-5ans. Au-delà de cet âge, il faut envisager de consulter car elle devient synonyme d’un mal-être chez l’enfant ou le jeune, voire d’un trouble du comportement. Autant chez l’enfant que chez l’adolescent, l’utilisation excessive de technologies et d’écrans favorisent l’intolérance à la frustration à un âge où ce n’est donc plus censé se présenter. Cette intolérance apparaît en raison de deux phénomènes premièrement la culture du « tout, tout suite » favorisée par la rapidité d’accès offertes par les nouvelles technologies (occupation de l’esprit, communication, jeux…)
Deuxièmement, par le phénomène de l’addiction, comparable à celle du toxicomane, du fait de l’atteinte, notamment, du circuit cérébral dopaminergique dit « circuit de la récompense ».


La nomophobie :
La nomophobie est l’équivalent d’une anxiété de séparation mais avec son mobile! Cette techno-angoisse d’abandon peut être redoutable chez certains! L’inconfort loin de son smartphone aussi! Dans une étude, publiée en 2015, par Clayton et ses collaborateurs dans le Journal of Computer-Mediated Communication, les chercheurs ont mis en évidence les effets de l’impossibilité d’utiliser son smartphone, lorsqu’il sonnait, sur soi (l’iSoi), sur les cognitions, sur l’anxiété, et sur des fonctions physiologiques comme la fréquence cardiaque, la tension artérielle, la fréquence respiratoire. La population étudiée réalisait certaines tâches cognitives comme faire 2 puzzles de séries de mots. Lorsque les personnes ne pouvaient pas répondre à leur smartphone, leur
fréquence cardiaque et leur pression artérielle augmentaient.
Des sensations d’inconfort et une anxiété étaient présentes. Les performances cognitives diminuaient. Ils trouvaient moins de mots durant la deuxième partie de l’épreuve de puzzle.
La nomophobie est également associée à l’angoisse d’être déconnecté (AED ou Fear of Missing out (FOMO) en anglais), de rater des échanges, des tchats, des moments virtuels, des statuts facebook, des tweets qui sont l’occasion d’interagir socialement et rapidement. La nomophobie n’est pas une maladie incurable mais un style vie hyperconnecté qui peut ne pas convenir à tout le monde… et devenir pathologique !
Physiologiquement qu’est ce qui se passe ?
Le circuit de la récompense est un système cérébral, qui est à l’œuvre dans les- fonctions vitales telles que boire, manger, dormir, se reproduire,… Lorsqu’on satisfait un besoin vital, le cerveau envoie rapidement des signaux de bien-être et de satisfaction. Pour que l’on réitère ces actions nécessaires à notre survie : répondre à la faim, à la soif, au besoin de repos et de se reproduire pour perpétuer l’espèce.
Lorsque l’on mange par exemple, cela procure une sensation double : la satiété et le bien-être. Ce double sentiment est produit par le « système de récompense ». Lorsque le temps passe, la faim reviendra et provoquera un nouveau désir ou manque, et l’action de se nourrir sera répétée. Autrement dit, la sensation de plaisir ressentie pousse à renouveler l’opération source de satisfaction.


Cela peut donc favoriser le maintien de la survie. Mais aussi soutenir un processus d’apprentissage du comportement permettant d’obtenir la sensation agréable de récompense. Tant qu’il s’agit de choses saines pour le corps et l’esprit, cette apprentissage et ce renforcement est positif. Par contre, lorsque le renforcement est lié à des choses négatives, cela peut, à la longue, engendrer des problématiques telles que des addictions.
Les sensations telles que l’envie et le désir de ressentir un bien-être et de la satisfaction vont « pousser à l’action ». Cette mise en mouvement et l’action de recherche de ce qui apportera cette fameuse satisfaction va provoquer au niveau du cerveau la libération d’un neurotransmetteur : la dopamine. Un neurotransmetteur est un composé chimique qui permet aux neurones, les cellules nerveuses, de communiquer entre eux (voir schéma). La dopamine est donc directement à l’aspect de motivation qui active l’action, la mise en mouvement et l’exécution de l’action satisfaisante.
La motivation et l’action correspondent au début du « circuit de la récompense ». Ensuite, l’exécution de l’action provoquera cette sensation agréable de satisfaction, voire d’extase. Au niveau cérébral, cela correspond à la libération d’autres neurotransmetteurs tels que l’endorphine, l’adrénaline, la noradrénaline. Après cette phase de satisfaction, le cerveau produira la sérotonine directement lié à la sensation de bien-être et à la régulation de l’humeur.
Chez les enfants et les adolescents
Le phénomène devient réellement inquiétant lorsque l’on sait pertinemment avec quel systématisme les jeunes, en plein développement physique et mental, ont accès aussi bien aux smartphones, qu’à la tablette en plus des écrans de télévisions et d’ordinateurs…
Et en tant que soignants, il nous faut dénoncer que c’est parallèlement suite à cette frénésie d’accès aux nouvelles technologies que les demandes de bilan pour troubles de l’attention, de problèmes de développement émotionnel, affectif, d’agressivité, d’isolement social, sont de plus en plus nombreuses. Généralement tout le monde se sent dépassé par la situation : les parents mais aussi l’école. Un journal britannique nommé “The Mirror” a ainsi parlé de l’addiction à la tablette d’une petite fille à peine âgée de 4 ans, qui présentait tous les symptômes du manque lorsqu’on lui retirait la tablette. Son psychiatre, Dr Richard Graham, responsable d’un programme de désintoxication numérique (tablettes, smartphones, et autres appareils…) dénonce que cette petite fille aurait pu nécessiter des soins psychiatriques si l’addiction avait continué. L’utilisation de la tablette était évaluée à près de 4 heures par jour. Selon ce même psychiatre, une étude récente révèle les données suivantes : 1 foyer sur 7 laisserait ses enfants utiliser les appareils mobiles à écran 4 heures ou plus par jour ! Ce qui veut dire que ces enfants deviennent esclaves de ce fameux « circuit de la récompense». Ce qui, à la longue, devient tout aussi toxique pour leur cerveau que les drogues.
Dans une émission télévisée française, des parents ont témoigné de leur expérience avec leur enfant qui avait été diagnostiqué autiste et recevait des soins médicamenteux et kinés liés à cette maladie mentale. Grâce à la clairvoyance d’intervenants, l’idée d’évaluer le temps passé sur la tablette fut évoquée. Cet enfant passait en effet plusieurs heures par jour devant ces fameuses tablettes. Dès que les parents ont rectifié cela, l’enfant s’est mis à aller vers les autres, parler, bouger et à faire les mêmes choses qu’un enfant normal. Ce jeune enfant a donc pu récupérer son retard de développement grâce à l’aide de professionnels.


Les symptômes classiques qui doivent alerter chez l’enfant et l’adolescent :
- Il vous désobéit toujours quand vous fixez un délai et reste plus longtemps.
- Il n’accomplit pas les tâches demandées et reste face à son ordinateur.
- Il passe plus de temps en ligne qu’avec le reste de la famille.
- Il vous parle constamment de ses nouveaux copains en ligne.
- Vous vous plaignez constamment du temps qu’il dépense en ligne.
- Ses résultats scolaires ont déjà été affectés par le temps passé sur le Web.
- Depuis qu’il a découvert Internet, il semble plus déconnecté de la réalité, isolé et solitaire.
- Il n’accomplit aucune tâche avant de vérifier ses messages en ligne.
- Il se met sur la défensive et vous répond discrètement quand vous lui demandez ce qu’il a fait en ligne.
- Il arrive qu’il se connecte furtivement, est ce malgré votre interdiction.
- Il passe beaucoup de temps seul dans sa chambre face à son ordinateur.
- Il arrive qu’il vous réponde de façon agressive si vous lui parlez alors qu’il est en ligne.
- Il pique une crise de nerfs et devient de mauvaise humeur si vous l’obligez à réduire le temps qu’il passe en ligne.
- Il néglige tous les loisirs qu’il adorait autrefois et préfère rester en ligne.
- Il déprime quand il n’est pas branché à Internet en raison d’une coupure.
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